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Les ruraux vont moins à l’hôpital que les urbains

L’hospitalisation de court séjour est nettement moins sollicitée au fur et à mesure qu’on s’éloigne des centres urbains.

Les maires ruraux poursuivent leur exploration de la fracture médicale entre les villes et les campagnes. Ils montrent, chiffres à l’appui, que les villageois vont nettement moins à l’hôpital que les citadins, non pas parce qu’ils sont en meilleure santé mais parce que les centres de soins sont trop loin.

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Vous habitez à la campagne et vous avez besoin d’une intervention médicale ? Eh bien… dans les faits, vous n’y allez pas. C’est ce qui ressort d’une étude géographique sur la santé en milieu rural que l’Association des maires ruraux (AMRF) publie en novembre 2023. L’hospitalisation de court séjour est nettement moins sollicitée au fur et à mesure qu’on s’éloigne des centres urbains, y compris en gommant les paramètres liés à la structure de la population, comme l’âge ou le sexe.

L’analyse géographique montre un fort lien avec, d’une part, l’éloignement des centres hospitaliers, et d’autre part, la rareté des médecins traitants dans les milieux ruraux, qui engendre une moindre prise en charge hospitalière des malades.

Fracture médicale

Ce travail est le troisième volet de l’exploration de la fracture médicale sur le territoire par les maires ruraux, associés à un docteur en géographie, Emmanuel Vigneron, membre du Haut-conseil de la santé publique. En septembre 2022, l’AMRF avait constaté l’éloignement des campagnes vis-à-vis des soins de médecine de ville. En avril 2023, une nouvelle étude montrait la surmortalité dans les zones rurales.

L’enquête sur les hospitalisations est fondée sur 18 millions de séjours hospitaliers réalisés durant l’année 2021 et recensés par le programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI), un dispositif national qui recueille les interventions médicales. Les secteurs géographiques sont distingués selon les codes postaux. Chaque secteur est caractérisé, grâce à une définition de l’Insee (Institut national de la statistique), en zone rurale très peu dense, en zone rurale peu dense, en zone urbaine intermédiaire et en zone urbaine dense.

Pour gommer les structures de population, l’étude crée un indicateur comparatif d’hospitalisation (ICH) : pour chaque groupe homogène d’âge et de sexe, on compare le taux d’hospitalisation réel à celui auquel on se serait attendu grâce à la population nationale de référence. Si l’indice est supérieur à 100, on parle de surhospitalisation et s’il est inférieur, on met en lumière la sous-hospitalisation.

Gradient de consommation de soins

L’auteur de l’étude constate un net gradient de consommation de soins hospitaliers selon la densité de population. Les habitants des zones rurales très peu denses consomment 16 % de soins hospitaliers en moins que la moyenne nationale. Mais ce chiffre masque la vraie différence entre les campagnes et les villes puisque les villes font partie de la moyenne nationale. Il faut donc ramener les populations urbaines denses à un seuil de 100 pour les neutraliser dans la référence : on s’aperçoit alors que les zones rurales peu denses consomment 20 % de soins hospitaliers en moins et jusqu’à 30 % de séances en moins (dialyses en centre et chimiothérapies) ainsi que 12 % en moins de courts séjours hospitaliers.

Cardiologie, imagerie, neurologie

Plus précisément, l’étude fait le même travail pour chaque secteur d’intervention hospitalière :

Nouvelles pratiques

L’Association des maires ruraux en conclut qu’il faut entamer une véritable démarche pour une meilleure répartition des personnels de santé, pour remettre le patient au cœur de l’activité médicale et développer de nouvelles manières de pratiquer afin d’apporter une meilleure prise en charge de la population quel que soit l’endroit où elle habite.

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